L'univers de Julie Gauthron

Là encore, on retrouve sa patte artistique décalée, arty, rétro-chic… toujours guidée par des histoires fortes comme c’est le cas pour tous les hôtels du Groupe. A la différence près que sa signature peu conventionnelle s’apparente plus à une installation artistique où se téléscope avec audace motifs et couleurs, esprit vintage et références au savoir-faire. Animée par son esprit graphique, elle porte plus volontiers un regard transversal sur l’art qui nourrit son travail comme son inspiration. Sa dernière réalisation repose sur l’exercice du « cadavre exquis », un jeu qui consiste à faire composer une phrase, ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu'aucune d'elles ne puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes. Héritage du surréalisme, le résultat est décoiffant ! De quoi vous donner quelques idées pour sortir des sentiers battus !

>> Interview :

Je ne me pose même pas la question, je ne suis pas schizophrène, c’est un tout pour moi et cela fait partie de ce que je suis : ma culture, mes œuvres, ma sensibilité, etc. On dit qu’un intérieur est révélateur de la personnalité des gens, alors obligatoirement ma signature s’identifie à ce que je suis comme c’est le cas pour bon nombre de décorateurs. En ce qui me concerne, je privilégie la dimension artistique. Elle donne une profondeur au projet comme elle en imprime le fil conducteur. La situation géographique du lieu (quartier et ville) me fournit aussi les clés nécessaires à la construction de l’histoire. Pour le Grand Hôtel du Midi situé place de la Comédie à Montpellier, j’ai travaillé autour de la danse contemporaine. Pour l’Idol Hôtel situé dans le quartier des luthiers à Paris, j’ai privilégié la musique et comme le propriétaire était fan de black musique, cela m’a donné une direction supplémentaire.

[Photo] Idol Hotel - Suite Give Me the Night.

Une déco de caractère sied à un quartier « bobo » d’où l’idée du jeu du cadavre exquis appliqué à la création de tableaux dans les chambres. J’ai fait appel à 5 binômes d’artistes issus d’univers différents pour réaliser une œuvre collective unique par chambre. Chaque forme de support tableau a été préalablement déterminée, les artistes se sont ensuite prêtés librement à un travail graphique dans leurs ateliers. Pour les mettre en phase avec les codes couleurs de l’univers de la chambre, ils ont disposé de la palette et des échantillons de papiers peints. Pour le reste de l’hôtel, j’ai poussé ma carte blanche avec les mêmes attributs qu’un « manifeste » surréaliste : ludique, stimulant, audacieux.

[Photo] Hôtel Exquis - Chambre intimiste.

Hotel Exquis

Je dirais que les gens sont très frileux et qu’ils n’osent pas sortir du blanc ou des couleurs conventionnelles ! Dans les magazines, on diffuse une certaine idée du bon goût, ce qui conforte les gens à faire et à acheter la même chose. Moi, j’aime avant tout prendre des risques, déranger un peu pour faire rebondir les choses et attirer le regard là où j’ai décidé de le faire. En ce sens, j’envisage la décoration comme une scénographie, c’est-à-dire une histoire que je mets en scène comme au théâtre.

[Photo] Hôtel Le Crayon Rouge - Lobby.

Le Crayon chambre exquise esquisse