Un appartement haussmannien design, éclectique et nourri d'art

Sandra Benhamou a vécu plusieurs années à New York où elle a travaillé dans la distribution de films. De retour en Europe - Londres d’abord, puis Paris - elle choisit de donner libre cours à sa passion pour les meubles et les objets d’art, nourrie pendant dix ans dans les galeries de Chelsea. C’est en rénovant sa propre maison dans les Hamptons en 2002 que cette diplômée d’une grande école de commerce bascule vers la décoration intérieure. Depuis, elle ne cesse d’être sollicitée pour des chantiers haut de gamme : maisons et appartements privés, mais aussi des bureaux, ou encore un hôtel cinq étoiles en Bretagne.

Dans le salon, une table basse de Ron Arad cohabite avec des canapés Chesterfield George Smith. Sur la console, un vase en verre et terre cuite de Hella Jongerius, galerie Kreo. Au-dessus de la console, photo "Yellow sparkle", 2007, de Marilyn Minter.

Partout dans l’appartement, objets de collectionneur, mobilier de designer et photos d’art témoignent de la passion de Sandra Benhamou pour la photographie des années 80 et pour le mobilier du XXème siècle. Et pourtant, l’art ne se fait pas envahissant. Loin de donner au lieu un air pompeux et sans vie, l’art contribue à créer un décor vivant et éclectique qui témoigne d’un véritable amour de la création.

Près de la cheminée, la lampe "Bells" des frères Bouroullec, 2005, galerie Kreo. A côté , se tient la chaise "DAF" noire et blanche de George Nelson, 1958. Au-dessus du manteau de la cheminée, photo "Does Marilyn Monroe make you cry?" de Louise Lawle. Surplombant la table basse, suspension "2109" de Gino Sarfatti, 1971, Arteluce.

Chaque recoin fait l’objet d’une attention toute particulière. Les influences se mélangent dans un style très personnel, empreint d’audace et de sobriété mélangées.

Dans le séjour, un espace bureau d'esprit vintage avec un secrétaire Compas de Jean Prouvé. Au-dessus de la cheminée, photo de Louise Lawler "Does Marilyn Monroe make you cry?"

"Mon credo : inventer des lieux où l’audace du style et l’amour de la création ne pénalisent pas l’art de vivre " révèle Sandra Benhamou. En effet, son intérieur fait extraordinairement « habité » malgré la profusion de pièces rares. Il exprime la gaité et une certaine décontraction alliées au sens du décor et à la maîtrise de la mise en scène.

Si le respect de l’âme du lieu est évident de bout en bout de cet appartement haussmannien, le plan d’origine ne s’est pas imposé comme une contrainte dans la rénovation. La salle à manger et la cuisine ont été largement remaniées pour offrir le volume, la lumière et la fonctionnalité que l’on attend des intérieurs les plus contemporains.

La salle à manger joue subtilement l'épure mais aussi les matières, les formes et les couleurs.

La table Eros en marbre d'Angelo Mangiarotti s'entoure des chaises "Superleggera" de Gio Ponti de chez Cassina.
Au-dessus du plateau de marbre, ludique et lumineuse, la suspension "2130" par Gino Sarfatti de chez Arteluce.
Au mur, une photo "Untitled" 2004, de la série des clowns par la photographe et cinéaste américaine Cindy Sherman.

Même après plus d’une décennie passée dans les pays anglo-saxons, la designer ne peut renier ses origines françaises et son goût du bien manger. La cuisine d’esprit bistro invite à une expérience culinaire très parisienne et conviviale d’où ne sont pas exclues quelques marques du passage de Sandra Benhamou aux Etats Unis.

Au premier plan de la cuisine réalisée par Atelier 78, un comptoir en zinc façon brasserie. En guise d'éclairage, les suspensions Pressed Glass Tube en verre de Tom Dixon. Au fond, on aperçoit une cuisinière La Cornue, fleuron de l'équipement français. Sur le côté, un frigo américain XXL de la marque Sub Zero.

Un coin repas a été aménagé pour les repas de tous les jours. Informel, il se fait graphique avec des carreaux de ciment Carrelage du Marais au sol et sobre avec un carrelage métro en faïence blanche unie aux murs. Un univers qui rappelle le style des brasseries parisiennes.

Table sur mesure India Mahdavi
Chaises Thonet par Pablo Reinoso

La chambre, d'une simplicité volontaire, se fait lumineuse, douce et colorée.

Sur le mur au-dessus de la tête de lit, photo "Hand with Cigarette" de Richard Prince, 1980. En guise de lampes de chevet, des appliques en laiton doré de Jules Wabbes.
Témoin du goût de Sandra pour l'éclectisme et les marchés aux puces, une lampe en raphia chinée pose avec le plus grand naturel non loin des sculptures d'Ettore Sottsass.

Dès l'entrée, le visiteur est guidé vers un univers d'art et de pièces de collection par les pas japonais des frères Bouroullec. Le ton est donné ...

Tapis "Grappe", 2001, par Ronan & Erwan Bouroullec, galerie Kreo.

Réalisation : Sandra Benhamou